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Quand Fidelity innove

Cela fait un petit bout de temps que j’avais envie de rechercher dans mes documents des articles qui ont salué le parcours d’innovation de l’entreprise Fidelity en matière d’échecs électroniques. Ces innovations durant la fin des années 80 ont consisté en :

  • Premier micro avec tables de hachage.
  • Premier micro utilisant l’apprentissage des erreurs.
  • Premier micro biprocesseur.

Ces trois éléments font partie depuis de la base de tout logiciel dédié aux échecs. Les tables de hachage en particulier ont déverrouillé une des grandes faiblesses des échiquiers dédiés, à savoir la gestion de finales. L’autre innovation qui viendra plus tard, mais pas de Fidelity, ni sur les micros, consistera en bases de données de finales avec n pièces restantes sur l’échiquier.

1. Les tables de hashage

1.1 Fidelity Excel 68000

Voici le premier test dédié au Fidelity Excel 68000, dont il y eu quelques versions avant l’avènement du Excel 68000 Mach II. le test est sorti dans la revue Europe Échecs de novembre 1987, et le scan de mon exemplaire est reproduit ci-dessous. À noter que seuls 16 Ko sont consacrés aux tables de transposition. En 1987, le processeur coûte cher, la mémoire coûte cher et les coûts doivent être optimisés pour pouvoir vendre la machine à plusieurs milliers de francs, mais sans s’adresser à des joueurs fortunés comme le faisait Mephisto à vendre ses machines à base de processeur Motorola pour une fortune. À l’époque, je ne pouvais m’offrir ni l’un ni l’autre.

1.2 Excel 68000 Mach II

Les époux Spracklens sont dans une grande phase d’inspiration, assez rapidement, l’Excel 68000 est suivi par l’Excel 68000 Mach II. Ce dernier ne crève pas le plafond ELO tout de suite, mais une amélioration après l’autre, aboutira à la génération suivante. En attendant de percer, voici une machine qui possède 144Ko de mémoire dédiée aux tables de transposition, une machine qui gère les inversions de coups dans les ouvertures.

1.3 Excel Mach II LA

On voit sur le numéro suivant d’Europe Échecs qui date de l’été 1988 à quel point les nouvelles machines sortent vite. Ici, pas d’innovation, nous sommes toujours à discuter les tables de transposition, par contre, je voulais montrer, avec les diagrammes de tests, les progrès faits pour optimiser le programme aux nouvelles techniques : jeu d’instructions sur 16 bits et tables de transposition. Le Mach II LA est une vraie rupture, c’est une machine qui remporte quelques succès en tournois contre l’humain et surtout, elle fait le lien avec l’œuvre finale des Spracklen, le programme Mach III qui utilisera encore le 68000 de la maison Motorola et une fréquence d’horloge de 16 MHz.

1.4 Excel Mach IV

Toujours dans la section dédiée aux tables de hachage, je me permets de sauter le Mach III, parce que le Mach IV est le même programme, mais tournant sur le Motorola 68020 à 20 MHz. Le fabricant Fidelity a franchi le pas ici vers le monde des instructions et adressages sur 32 bits et une puissance de traitement supérieure, c’est pour cela que je n’ai pas continué sur le Mach III. La rupture est ici matérielle et non logicielle. La particularité du Mach IV est qu’il a pris pendant plusieurs mois, la tête du classement des micros de la SSDF, l’organisme suédois qui faisait foi en termes de niveau de jeu. Pour la première fois depuis longtemps, Mephisto n’occupe pas la tête de classement. D’ailleurs les Mach III et Mach IV ont été si aboutis, qu’ils ont donné lieu à d’autres déclinaisons. On trouve ces programmes et hardwares dans les échiquiers auto-répondeurs de la game Elite Avant Garde. On les trouve aussi déclinés dans une version low-cost mais design en tant que Fidelity Designer 2265 Master et Fidelity Designer 2325 Master. Concernant ce dernier, un article lui est consacré dans ma section “collection”.

2. Le micro qui apprend de ses erreurs

Dans les évaluations de la force des micros, il peut arriver qu’un testeur fasse affronter deux machines, disons un Fidelity Avant Garde Master et un Novag Diablo, et que sur 20 parties, les deux machines jouent plusieurs fois la même partie. Cela fausse à l’évidence les résultats. D’autre part, monsieur “Je maîtrise le jeu” plante trente fois de suite la même défaite à sa machine préférée. Cela lui fait surement très plaisir, mais n’y a-t-il pas un moyen pour que cela ne se produise pas ? Eh oui, Fidelity a la solution, et ils sortirent en leur temps la première machine qui essaye d’éviter de faire plusieurs fois la même erreur ! Depuis, tous les logiciels ont intégré une fonction d’apprentissage dans leur arbre de recherche.

3. Le premier multi-processeur

Des essais d’overclocking, tout le monde a pu constater que de doubler la vitesse d’horloge conduit à gagner des points ELO. Une autre manière d’accélérer l’exploration de l’arbre est de confier une partie des coups à explorer à un processeur et l’autre partie à un autre processeur, sachant qu’il faut ensuite arbitrer entre les résultats des explorations des deux parties d’arbre. Fidelity a été la première entreprise à commercialiser un micro biprocesseur.

4. Conclusion

Je pense qu’on peut dire que là où Mephisto pousse l’algorithme avec son programmeur vedette, Richard Lang, ainsi que la puissance brute avec des processeurs 68000 et 68020 pour le grand public, Fidelity explore de nouvelles voies et en l’espace de deux ou trois ans, ils ont sorti des micros avec des innovations. Si les tables de hachage étaient déjà connues, l’entreprise est la première à commercialiser une machine qui les utilise. La solution s’est révélée si performante qu’elle est devenue le sine qua non pour des machines qui jouent bien les finales. Le multiprocessing ou l’apprentissage étaient moins déterminants pour la force de jeu, mais encore une fois, il fallait que quelqu’un défriche pour les autres. À mon sens, un programme qui tient compte de ses erreurs passées est pour moi plus attrayant qu’une killer bibliothèque orientée tournoi et qui restreint le jeu à quelques variantes sans risque pour le style de jeu d’une machine. Bravo à Fidelity pour le courage de s’engager sur de nouvelles voies.

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